Note à ceux qui pensent que construire encore un parking est la solution pour le commerce chambérien

 

 

Avec l'apparition la semaine dernière d'une pétition demandant d'urgence la réalisation de 2 parkings supplémentaires pour sauver le commerce de centre-ville, la situation des parking Ravet et Cassine prend une dimension politique, surtout depuis qu'elle a reçu le soutien de notre député Patrick Mignola.

 

Précisons tout d'abord que notre propos (rédacteurs de ce site), n'est pas de nous opposer au principe d'un parking dans le secteur Mérande, mais bien au projet Ravet que l'on nous propose actuellement, car il nous semble pharaonique, cher et mal placé. Par ailleurs, il nous semble que le problème à résoudre n'est pas de mettre une place de parking en face de chaque voiture en ville, mais plutôt d'essayer de limiter le nombre de véhicules qui arrivent. Ou autrement dit, d'adapter la voiture à la ville de Chambéry, et non pas l'inverse.

 

 

 

Aggravation fin 2016

 

Concernant le commerce chambérien, de nombreux commerçants ont noté (sauf ceux de la place de la gare, évidemment ;-) ) que l'aggravation s'est sensiblement accélérée à partir de fin 2016. Hélas, à ma connaissance, il n'y a pas eu de diminution soudaine du nombre de places de parking en ville, à part les quelques dizaines perdues suite au déclassement de certaines rues (rue de la République notamment). La mise en enclos de plusieurs parkings est un phénomène annexe, qui a pu amener quelques modifications d'habitude, mais il ne remet pas en question la quantité de l'offre.

 

Il serait donc difficile de lier la mauvaise situation actuelle à une baisse de la quantité de stationnement qui objectivement n'a pas eu lieu !

 

D'autant plus que le parking des Halles, bien placé en ville, n'a jamais été complet, depuis 2 ans que je le suis, hormis les week-ends de décembre pré-Noel, offrant régulièrement une centaine de places. Et s'il n'est pas pris d'assaut, c'est parce que le problème est sans doute ailleurs (et aussi un peu parce qu'il est de loin le plus cher).

 

 

Augmentation des prix et rotation

 

Le prix du stationnement, qui vient d'augmenter fortement, y est sans doute un peu pour quelque chose, même s'il n'est que "la cerise sur le gâteau"... Ainsi, le parking des Halles n'offre plus que 50 places en moyenne désormais, car il est devenu "compétitif" d'un point de vue tarifaire. Malheureusement, le citoyen gare sa voiture par nécessité et non par plaisir, et augmenter les prix n'aura qu'un double effet : mettre de mauvaise humeur ceux qui ne peuvent pas faire autrement, et faire fuir les autres. Quant à prendre les transports en commun à la place de sa voiture, encore faut-il que l'offre soit pertinente (je vous ai dit que les lignes de nuit ont disparues ? Encore quelques centaines de sans-permis qui ne viennent plus au cinéma)...

 

Pour ces raisons, espérer favoriser la rotation des places en augmentant les prix ne semble pas très réaliste.

 

D'abord parce que, selon l'étude du stationnement réalisée en 2015 par des étudiants de l'université Savoie Mont-Blanc, les parkings actuels en ouvrage sont remplis majoritairement par des... abonnés, ce qui est très bien pour le résultat du gestionnaire, mais fortement contre-productif pour le taux de rotation.

 

Et ensuite, parce qu'après tout, l'augmentation tarifaire date déjà de novembre 2017, et je ne crois pas avoir entendu que les choses s'arrangent depuis...

 

 

Un parking dans les bouchons c'est comme un smartphone sans 4G

 

Augmenter indéfiniment les capacités de parking n'est pas une solution non plus, puisque le trafic chambérien est déjà bien saturé. Le citoyen d'aujourd'hui a bien compris qu'avoir un smartphone plus rapide sans capter la 4G n'allait pas lui servir à grand chose. Au volant c'est pareil, si ça bouchonne, le client ne viendra pas en ville, même s'il est assuré de trouver des places, et même si elles sont peu chères.

 

D'ailleurs, il suffit de constater qu'à 19h on circule très bien depuis quelques temps : à cette heure tout le monde a fuit !

 

En résumé, le problème principal ce n'est pas la place pour garer les voitures, mais la place pour faire passer la circulation, et ça, à part raser le centre-ville, je ne vois pas comment ça va pouvoir s'arranger.

 

 

En périphérie de ville ou en périphérie de ville ?

 

Une autre argument (le principal soutenu par la mairie) est de dire que réaliser ce parking en périphérie permettrait aux automobilistes de ne pas pénétrer en ville, ce qui libèrera des places. Pourquoi pas, ça s'appelle le P+R, mais dans ce cas, il fallait faire autrement, car 2 remarques s'imposent :

  • Il faut construire ce parking au tout début de l'entrée de ville, et pas à 100m de l'hyper-centre, car pour y arriver on a déjà bouchonné 20 minutes quand on vient de Challes ou des Bauges !
  • Et surtout, il faut promouvoir le parking relais auprès des salariés travaillant en ville, puisque c'est eux qui ont des horaires (plus ou moins) fixes, restent toute la journée (aucune rotation possible donc) et n'ont en principe pas trop besoin de leur voiture sur place. Mais ceci n'est sans doute pas très porteur, électoralement parlant ;-)

 

En faisant ainsi, on gagnerait sur les 2 tableaux, en supprimant un flux important de voitures, arrêtées dès le parking de la Leysse par exemple, et en libérant des places en ville pour les clients et les touristes, qui eux ont besoin de se garer au plus près. Soit exactement le message de la mairie, mais en vraiment efficace.

 

Malheureusement,il faut bien constater que la parking de la Leysse, situé parfaitement en entrée de ville, et à proximité directe d'une ligne de bus DEJA en site propre (même si la réalisation et le règlage des feux laissent un peu à désirer), ne comprend que 90 places en surface, alors qu'on nous propose d'en construire 500 aux portes de la ville... Et à l'échelle de l'agglo, c'est 450 places de parking relais au total (!), à comparer aux 6000 disponibles en centre-ville...

 

Cherchez l'erreur, mais à notre sens le signal envoyé est clair !

 

 

Et la mobilité douce ?

 

D'une manière comme d'une autre, plus de parkings en ville entraînera plus de circulation, et donc plus de problèmes, on en revient donc toujours à la mobilité douce.

 

Le centre ancien de Chambéry n'est pas extensible, seuls des transports en commun performants pourront améliorer la situation.

 

Le sujet est très vaste et mérite beaucoup d'améliorations, mais le réseau de bus actuel, préparé en douce sur un coin de table, et qui évite soigneusement le centre-ville n'est pas étranger au problème et n'a sans doute pas fini de faire parler de lui...

 

Et plus qu'un ènième parking en centre-ville, nous préférerions avoir une vraie politique de mobilité urbaine, concertée et à l'échelle de l'agglomération.