Au mois de Mai 2019, voici un nouveau point sur les dernières péripéties de King Ravet, le Grand Eléphant Blanc de l'équipe Dantin...

Elephant blanc JML small  Image : SOS Concertation PDU

 

 

Historique

 

Commençons par un petit résumé, ce qui peut s'avérer utile pour ceux qui arrivent ici par hasard.

Le parking Ravet est en partie la conséquence d'un programme de campagne élaboré en 2014 par le candidat Dantin (article ICI et ICI) :

 

Stationnements en cercle

 

Il promettait aux chambériens des stationnements (...) facilitant l'accès au centre-ville (en voiture donc) tout en incitant à le faire par l'utilisation des transports en commun. En dehors du fait d'avoir inventé le "en même temps" au moins 3 ans avant un certain président de la république, il propose surtout de faire venir les voitures jusqu'aux portes de l'hyper-centre. Personnellement, en 2019 je cherche encore où se trouve l'incitation à prendre le bus si on peut aller jusqu'au quai Ravet en voiture ??? D'autant plus que plus aucune ligne ne passe désormais au centre-ville, ni dans la rue de Boigne, ni au Bd de la Colonne.

 

Aujourd'hui, il me semble que partout en France on créé des parkings relais en entrée d'agglomération pour éviter aux voitures d'y rentrer, pas aux abords immédiats du centre-ville.

 

Donc, après 2 années occupées à dégrader le réseau de bus, en 2016 les choses se précisent, sous la forme de 2 parkings de 600 places, celui de Cassine et celui de Ravet. Les projets ont légèrement fondu depuis et son passés à 500, ce qui est cohérent pour un parking de gare à proximité immédiate de la VRU mais un peu surdimensionné pour un parking de proche centre-ville où la circulation est déjà très dense.

 

Le permis de construire

 

Après avoir un peu joué au chat et à la souris avec les préconisations des Architectes des Bâtiments de France (car le projet est très proche de plusieurs lieux classés), et bien que dans le secteur il soit impossible aux simples citoyens de changer la couleur de leurs volets, le permis de construire est sorti sous la forme d'un projet 2 fois plus cher que la norme, en raison des contraintes d'intégrations dans le lieu choisi, et aussi un peu à cause des étages faisant 3,40 m de haut, ce qui rend l'ouvrage bien plus massif que nécessaire...

 

Le premier permis de construire a donc été attaqué en contentieux au Tribunal Administratif par des riverains directs et des chambériens du quartier soucieux du devenir de leur environnement, et en 2018 le permis a été retiré par la mairie (preuve qu'il y avait bien un problème) puis une 2ème version est sortie. Malgré une légère réduction de hauteur (de 28 m à 24 m) et quelques aménagements, la nouvelle version ne semble toujours pas respecter la réglementation (selon l'avocat) et un nouveau recours a été déposé au tribunal.

 

Il faut dire que le principal problème est toujours là, à savoir les entrées-sorties en plein sur le Pont des Amours, avec réduction du nombre de voies dans le sens de la montée, ce qui ne va pas arranger la circulation dans le carrefour.

 

Projet vue aerienne

 

 

Avenant numéro 3

On notera donc que si des chambériens ne s'étaient pas mobilisés en nombre, le projet aurait démarré sur la base d'un permis de construire bien curieux puisque ne respectant pas la réglementation...

 

Notons également que le premier permis a été finalement "retiré" par QPark, ce qui est pour le moins étonnant de la part d'un bénéficiaire pressé de démarrer les travaux, et d'autant que le projet est très attendu par la municipalité et certains commerçants ou riverains (mais pour les chambériens c'est moins évident, comme l'a montré le débat du Mouvement Citoyen en février 2019).

 

Ce retrait "stratégique" nous enseigne néanmoins plusieurs choses :

A) le permis accordé était pour le moins "suspect", puisque le propre bénéficiaire du projet a éprouvé le besoin de le retirer (au delà de 3 mois, la mairie ne peut plus le faire et la demande provient donc forcément de QPark);

B) ce retrait ayant donné lieu à une indemnisation des requérants, cela semble indiquer qu'il était urgent de corriger des choses;

C) que si un spécialiste des parkings, entreprise internationale comme QPark, a éprouvé le besoin de refaire un permis et que le tribunal a accordé une indemnité aux requérants, c'est que ce recours était loin d'être farfelu et criticable.

 

Il est donc assez curieux de découvrir lors du dernier conseil municipal qu'un maire est prêt à attaquer ses propres concitoyens au civil, pour "procédure abusive", alors que le tribunal leur a déjà donné raison une fois...

Car c'est le contenu de cette délibération du 11 avril: demander à QPark de démarrer les travaux malgré le risque juridique, en acceptant de transférer les risques financiers à la charge de la ville en cas de démolition éventuelle.

 

Un parking demandé par les chambériens ?

 

S'il apparait clairement (et nous le comprenons bien) que des chambériens sont favorables à ce parking, notamment d'après les commentaires Facebook des posts de M. Dantin, et certains commerçants, c'est loin d'être le cas pour tout le monde. Nous en avons d'ailleurs eu la preuve sur le marché samedi dernier où l'acceuil était très souvent plutôt favorable.

 

Si dans l'idéal (presque) tout possesseur de voiture souhaiterait avoir un parking devant sa porte, il faut bien faire avec la géographie particulière de Chambéry et les finances.

Mais nous avons surtout constaté 2 choses:

  • Comme souvent, il n'y a eu aucune concertation préalable sur ce projet d'aménagement qui est important à l'échelle du quartier Mérande-Joppet-Eléphants (et sur les immeubles des Portes de Mérande encore moins, mais cela sera l'objet d'un autre article).

  • Lors du débat organisé par le mouvement citoyen le 12 février 2019, débat libre où tout le monde était invité à s'exprimer, la mairie n'a pas jugé bon de déléguer quelqu'un pour donner la position et les arguments de la ville, seul la présidente de l'association des commerçants avait fait le déplacement. C'était quand même un événement assez important à l'échelle de la ville, une des rares fois où les citoyens pouvaient réellement s'exprimer, puis discuter entre eux avec un arbitrage très professionnel.

 

Et au final, le résultat est sans appel : les citoyens présents étaient majoritairement opposés (au projet tel qu'il est prévu) dès le départ. On pourra objecter que les personnes présentes n'étaient que des sympatisants d'extrême-gauche (pour faire plaisir à M. le maire), mais malheureusement l'opinion de la salle était encore plus clairement contre après 2h de débats...

 

On peut donc difficilement accuser l'opposition municipale d'être à la manoeuvre PENDANT LA REUNION...

 

Et il est encore plus étonnant d'entendre M. Dantin affirmer le contraire en public en conseil municipal, alors qu'il n'avait délégué personne pour assister au débat, et ce en dépit des 100 témoins présents.

 

Cet événement marque bien le peu d'intérêt accordé à la parole des citoyens, et il a été dénoncé par d'autres que moi (le Mouvement Citoyen, la TVNet Citoyenne et l'article du Dauphiné Libéré (article abonnés, résumé ICI). Et pour ceux qui voudraient voir en direct, c'est dans la vidéo du conseil municipal, <ICI> à 52:50, et c'est assez édifiant...

 

 

Et maintenant ?

 

M. le maire qui vient de s'exprimer une fois encore sur "ces mauvais citoyens qui font tout pour bloquer le fonctionnement des affaires chambériennes" (comme si les chambériens n'avaient pas mieux à faire que d'aller tracter sur les marchés ou déposer des recours...), nous annonce que tous ses malheurs proviennent d'un petit groupe de 22 personnes manipulés par des opposants politiques.

Il sera donc ravi d'apprendre que c'est cette fois 121 signataires de tous horizons, citoyens chambériens, qui viennent de déposer un recours contre cette délibération autorisant la ville de Chambéry à prendre tous les risques financiers à sa charge.

 

Ca règlera aussi la question de l'intérêt à agir, puisque désormais le fiasco Ravet menace tout le monde et plus seulement les riverains. Et il est toujours possible de signer la pétition pour réclamer une vraie discussion de ce projet, même si à moins d'un an des élections, M. le maire est sans doute plus pressé de démarrer le bétonnage que de discuter avec ses administrés...